L'effet papillon

Une réflexion personnelle sur le concept de l'effet papillon

PERSONNEL

Péo

11/26/20259 min lire

En effet, une action de quelques secondes peut avoir des conséquences qui changent tout. Le concept dit qu'un battement d'aile de papillon à un coin du monde pourrait entraîner un ouragan à un autre coin du monde. Je ne sais pas si c'est vrai, et j'en doute, mais je suis très familier avec ce concept. D'ailleurs, un de mes films préférés est L'effet papillon (ou The Butterfly Effect en anglais). Car ça m'a parlé, et ça m'a séduit. À l'époque, lorsque j'ai découvert ce film, j'étais en couple avec la femme de ma vie, mon amour de jeunesse. Nous étions voisins étant petits, puis dans la même école primaire, où nous étions amoureux pendant plusieurs années. Un sentiment amoureux que j'ai connu très jeune : à 7, 8, 9 et 10 ans, ces années-là. L'époque des années 90, où il y avait des "booms", avec le quart d'heure slow... et là, c'était des moments incroyables à cet âge-là : prendre son courage à deux mains pour aller inviter sa dulcinée et danser enlacé sur des musiques du genre Pour que tu m'aimes encore de Céline Dion... incroyable...

On a "cassé" (les termes de l'époque 😅 désolé pour les nouvelles générations si vous n'avez pas ce vocabulaire, demandez à vos parents 😁) à la fin de la primaire, pour ensuite se retrouver au lycée, plus âgés. Et en première, autour de 17 ans peut-être, nous nous sommes à nouveau mis ensemble, et cette fois-ci il ne s'agissait pas seulement de lettres d'amour et de slow. C'était une histoire à la Roméo et Juliette, clairement... et le pire, c'est que nous en avions conscience ! Alors on était différents sur certains points, mais on s'aimait profondément l'un et l'autre. Puis, au milieu de cette relation, ensemble, on a découvert ce film. Un gars qui aime une fille, et qui arrive à retourner le passé pour changer certaines choses afin que ça tourne mieux. Le problème - sans trop spoiler - c'est qu'en changeant une chose, ça en change d'autres, et il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Et lorsque j'ai vu ce film pour la première fois, en compagnie de ma chère et tendre, c'est comme si le temps s'était arrêté. J'ai tellement aimé le film, et elle aussi, qu'on l'a regardé une seconde fois dans la foulée !

Et je vivais une sensation étrange, comme si je m'imaginais dans un passé différent, ou encore comme si je m'imaginais plusieurs futurs potentiels. Puis notre relation a duré quelques années, on aurait quasiment pu se fiancer, mais malheureusement je n'étais pas assez mature pour réaliser que des histoires comme celle-là, on n'en a pas deux. On s'est séparés à moitié d'un commun accord, il y a eu des phases où, dans les premiers jours, elle voulait qu'on se remette ensemble et moi non. Puis ensuite, après une semaine ou deux, c'était l'inverse... Bref, on ne s'est pas remis ensemble. Elle a rencontré quelqu'un peu de temps après. Puis l'eau a coulé sous les ponts. Elle a fait sa vie, s'est mariée, a eu des enfants. De mon côté aussi, je me suis installé au Canada, je me suis marié, j'ai eu un enfant... Puis longtemps après, j'ai divorcé... Puis elle aussi a divorcé... Et elle s'est remise avec quelqu'un d'autre.

Le concept du temps qui passe est fascinant, et c'est aussi en ce point que j'ai tant apprécié ce film, et que je l'apprécie toujours autant aujourd'hui. Encore plus à mon âge, dans la quarantaine. Lorsque je repense à cette époque, il y a plus de vingt ans. Où, en revenant dans le passé à un certain moment précis, le temps de quelques secondes, ou quelques minutes, tout serait différent. Mais la réalité ne fonctionne pas comme ça. À ce que je sache, nous n'avons pas la possibilité de revenir dans le passé ou d'aller dans le futur. Peut-être que certains ont cette chance... Peut-être que ce n'est pas vraiment une chance, mais peut-être que si on le faisait, ça engendrerait d'autres problèmes que nous n'avons pas dans notre réalité présente, comme dans le film. Peut-être que je dis ça pour me rassurer et me faire à l'idée que nous n'avons pas le choix d'accepter nos réalités, quoi qu'on puisse en penser. "La hawla wa la qouwata illa biLlah", comme on dit en arabe, de pair avec "al hamdouliLlah ‘ala koulli hal".

En attendant, le concept de l'effet papillon est bien réel.

Au milieu du mois de juillet, alors que j'étais dans une matrice de me refaire au maximum, à tous niveaux (physiquement, financièrement, psychologiquement, to-do list, projets, objectifs...), est arrivé un événement qui a complètement changé les choses. Une action de quelques secondes, dont je subis encore les conséquences. J'avais récemment déménagé dans un logement bien mieux que le précédent, je faisais en sorte de faire des heures supplémentaires pour reprendre la main sur mes finances. Puis un vendredi, au moment de partir avec mon camion (je suis livreur FedEx), un collègue court vers moi pour me proposer de faire un foot en fin de semaine. Moi qui m'étais remis au sport, j'ai accepté volontiers. Le dimanche venu, j'étais avec mon fils, et je lui ai proposé s'il voulait venir. Il m'a répondu oui. Alors nous sommes partis faire le foot.

Juste avant de partir, un ancien ami avec qui je venais de rompre le contact quelques semaines auparavant sonne à la porte au moment où on partait. Il voulait discuter, et moi non, car je considérais qu'on n'avait plus rien à se dire, et je préférais que nos chemins se séparent. Nous sommes donc partis au foot.

En arrivant, on était un peu en retard, et il y avait un certain niveau. C'était en intérieur, il y avait des grands bonhommes, des gens avec des crampons... bref, je pensais que c'était un foot chill et tranquille, car nous sommes au Canada, et qu'il y avait des trentenaires parmi les joueurs, mais je me trompais !
J'ai alors essayé de me préparer mentalement à jouer mon A-game.

Pas d'échauffement, première action, je suis en défense, le gars qui a la balle est immobile, j'essaie de me mettre bien sur mes appuis : je tombe 🤣. Il n'avait même pas eu à faire un dribble que j'étais déjà par terre, tout seul. Je n'avais pas les chaussures adaptées, ça glissait beaucoup, mais malgré ça, ce n'était pas une excuse. Je me suis dit qu'il fallait que je sois plus performant, quand même ! Certes, je jouais pour m'amuser, mais je suis un compétiteur, un tryharder, et je voulais bien jouer. Même pas prouver aux autres, ni même à moi-même, simplement bien jouer, réussir quelques bonnes actions, des centres, des défenses, des têtes, des tirs, etc.

À peine 20 minutes de jeu, un de mes coéquipiers déborde sur l’aile gauche et me fait un centre dans le dos. Je suis au contact avec un défenseur, et dans un espoir de faire une semi-reprise de volée en effectuant un 180 degrés, j'essaie de tirer direct, sans contrôle, de toutes mes forces, et je manque la balle, et me déplace la rotule, et tombe par terre... Aux premiers abords, tout comme la première action, c'était comique ! Certains de mes coéquipiers qui n'avaient pas bien vu l'action pensaient qu'il y avait une grosse faute, alors qu'en réalité le défenseur ne m'avait même pas touché, et tout comme la première action, je m'étais totalement auto-vavré ! Par terre, crispé de douleur, incapable de me relever, je rampe sur la touche en disant aux gars de continuer sans moi. J'essaie d'évaluer la situation, ressentir la douleur, si c'est grave ou pas, si ça part aux urgences ou pas, puis après quelques minutes, je me dis que peut-être que ça va passer. Je reste assis au moins 20 minutes, à reprendre mes esprits, à essayer de me régénérer comme par magie, puis je me relève, en boîtant un peu. J'avais tellement envie de jouer qu'à un moment j'ai même hésité à revenir sur le terrain, au moins en défense. Et après un rapide échange avec un coéquipier, je constatais que c'était mort... je boitais...

Je suis sorti dehors pour prendre l'air et le soleil en attendant la fin de la game, et après une demi-heure que j'étais assis, j'ai ressenti bien plus de douleur en marchant car j'avais refroidi.

J'ai quand même pu conduire chez moi pour rentrer avec mon fils. Puis je suis allé voir un médecin après quelques jours car je ne pouvais pas plier la jambe. Ce premier médecin m'a dit qu'il n'y avait pas de ligament déchiré, sinon je ne pourrais pas marcher. Et il m'a simplement recommandé de mettre de la glace, et que ça devrait aller mieux d'ici une semaine ou deux. Fin juillet je suis parti en vacances en France. J'ai revu un médecin là-bas car la situation de mon genou n'évoluait pas, et il m'a recommandé de faire une IRM après avoir suspecté une lésion du ménisque. Après être revenu au Canada, j'ai revu un autre médecin, j'ai fait une IRM, et encore quelques semaines après, nous avons constaté les résultats qui étaient : ligament déchiré !

Et ça a impacté tout mon présent car ça ne m'a pas aidé psychologiquement, je ne peux pas travailler depuis 4 mois et j'ai beaucoup de mal à me déplacer. De plus, malgré tout le handicap que ça procure, ce n'est pas considéré comme une urgence directe, et je peux encore attendre jusqu'à 9 mois avant d'être opéré ! Ça m'impacte dans mes finances, dans mon travail, dans ma vie de tous les jours, et ça va encore durer jusqu'à l'été prochain.

Alors mon but n'est pas de dramatiser la chose, il y a bien pire que ça. Simplement de revenir à ce concept d'effet papillon. Si seulement je n'avais pas tenté cette frappe que même Cristiano aurait manquée, si seulement j'avais pensé au moins à contrôler la balle, puis à frapper, même du gauche, il n'y aurait pas eu toutes ces conséquences. Si j'avais choisi de discuter avec cet ancien ami et d'annuler le foot. Si j'étais parti 30 secondes plus tôt avant que ce collègue me propose le foot. Tant de scénarios différents qui auraient entraîné un autre futur que celui que je vis actuellement. Et c'est dans ces moments où le fameux dicton "avec des si, on mettrait Paris en bouteille" prend tout son sens... Car on pourrait refaire le monde avec des si. Et parfois, des petites décisions, des petites actions, des choix qui se font en un clin d'œil, peuvent avoir des conséquences si différentes.

Je m'efforce de rester positif, à voir le verre à moitié plein. Je me dis que si c'est arrivé, ça fait partie de mon passé (comme dirait Fabe), et que je ne peux rien y changer. Je me dois de l'accepter, il n'y a pas de choix là-dessus. Et c'est à moi de rebondir au mieux pour que mon futur soit meilleur grâce à cet événement. Car on pourrait maintenant inventer d'autres scénarios futuristes dans le bon sens : peut-être que grâce à ça, je trouverai un meilleur emploi. Peut-être que maintenant, ça va me pousser davantage dans mes retranchements, et que je vais reprendre régulièrement le stream, et en vivre d'ici un an. Peut-être que ça m'a mis dans cette situation, et que je ferai plus attention, et que je rencontrerai ma future moitié dans un endroit où, si je n'avais pas eu cet accident, je n'aurais pas été... Allez savoir !

En attendant, il y a des choix et des décisions qui - en quelques secondes - peuvent changer le cours des choses. Et selon moi, il faut tout faire pour réfléchir avant d'agir. Mais une fois que les décisions sont prises et que les actions sont posées, quoi qu'il arrive, on ne peut rien y changer.
Comme le chantait Kery James : "Si c'était à refaire, assurément je ferais autrement. Mais les choses sont telles qu'elles sont et ce ne sera jamais autrement." Alors je vous invite, je nous invite, à embrasser les choses telles qu'elles sont dans le présent. Et à faire de notre mieux avec les leviers qu'on a. Quant aux résultats, au futur, et à tout ce que nous ne pouvons pas contrôler, eh bien on espère que tout se passe bien, et qui vivra verra...

Prenez soin de vous et de vos choix, et je vous souhaite à tous la sérénité et le bonheur ❤️

Péo

L'effet papillon...